Prenons un peu de recul sur notre bon marché du vélo d’occasion, et regardons ce qu’il se passe ailleurs.
On constate que tous les marchés sont régis par des critères qui les rendent lisibles et comparables. Et tout ce qui s’éloigne de cette référence devient difficile à justifier économiquement.
Par exemple pour l’immobilier.
Quels que soient les investissements dans des équipements onéreux que vous auriez pu faire, dans votre appartement ou dans votre maison. Disons une piscine.
Le jour où vous vendez votre bien, c’est toujours la logique du prix au m2 qui l’emporte.
Si ces équipements sont des « atouts » pour mieux vendre, ils ne vous permettront pas de décaler votre prix du guide de référence. Vous ne récupérerez donc pas de valeur à la revente, au regard des efforts consentis pour ces investissements (qui de fait n’en sont pas).
Même chose dans l’automobile.
Si vous avez artificiellement augmenté la valeur théorique du véhicule neuf et cochant toute la liste des options. Voire pire, si vous l’avez transformé ou customisé. Vous serez déçus au moment de la revente. Car vous pourrez difficilement aller au-delà de la valeur marché d’un modèle de base. Et plus le temps passe, plus cette loi est implacable.
Tous les marchés de cessions ont des normes, des barèmes qui tendent à les rendre lisibles pour les acquéreurs, et leur permettant de comparer facilement les biens disponibles.
Et il est difficile de s’éloigner de la ligne pour les vendeurs.
Les mêmes lois s’appliquent dans le vélo. Et quand vous acheter des composants pour upgrader votre vélo, partez du principe que vous ne pourrez pas, ou peu, récupérer de leur valeur au moment de la revente.
Pour comprendre, il est bon de s’intéresser à notre acheteur potentiel.
Votre passion vous a poussé à développer votre machine pour qu’elle corresponde le mieux possible à vos goûts, vos besoins. Mais c’est aussi ce besoin d’estime inconscient, qui nous valorise personnellement autant qu’il améliore notre monture, qui nous amène à « craquer » sur des composants de rêve. Nos vélos racontent quelque chose de nous.
Une personne qui se tourne vers l’occasion n’est pas « vous ». Pour cette personne, vos motivations personnelles ne sont pas rationnelles. Et ce qui va l’intéresser dans votre vélo, c’est son prix juste, avant toute autre considération.
Et c’est le fait qu’il puisse se comparer à d’autres vélo, qui va permettre de choisir, et déclencher l’acte d’achat.
Donc si vous voulez vendre votre vélo avec ses upgrades, il faudra commencer par se « détacher » de lui.
Nous vous conseillons dans tous les cas de le remettre dans sa configuration d’origine, pour le rendre comparable et intéresser un plus grand nombre d’acheteurs. Vos composants d’origine présenteront un faible niveau d’usure, cela sera un plus au diagnostic.
Le sujet qui va suivre va finir de vous convaincre.
Vous avez vendu vos composants d’origine, pour faire ces upgrades justement.
C’est normal. Il faudra bien néanmoins fixer un prix à notre vélo modifié.
On rentre là dans des notions plus complexes, mais dans les faits ce n’est pas si compliqué.
Une pièce de vélo à deux prix. Et oui !
Et ce prix est différent si cette pièce est positionnée d’origine sur votre vélo (première monte, ou OEM). Où vendu au détail, avec packaging, etc. (Aftermarket)
Prenons pour exemple une petite boite… Shimano.
Elle va fournir ses composants de deux manières.
Les premières achètent en gros et en « vrac » directement chez Shimano. Il y’a donc moins d’intermédiaires et de traitements d’emballage à faire sur le produit. Cela permet au fabricant d’avoir un prix plus bas à la pièce, et donc de vous proposer des vélos complets à des prix concurrentiels.
Peut-être vous êtes-vous amusé à additionner la valeur « aftermarket » de chaque composant, et vous avez pu constater que vous n’aboutissez pas au même résultat que le prix de votre vélo acheté complet.
Exemple :
Nous aboutissons ici à un ratio de +20%. C’est un exemple, le résultat peut être très variable :
Le ratio tend à se réduire quand vous montez dans les gammes supérieures. Moins de volumes par modèle et moins de lutte commerciale. On est même à quasi 0% tout en haut de la pyramide des prix et pour des vélos achetés sur configurateurs.
Admettons que vous aillez acheté le vélo en exemple, et que vous l’upgradiez avec des roues aftermarket à 1000€ (prix réellement payé, pas tarif catalogue de la marque).
Le vélo vaut 4000 ? Et bien non.
Il faudra soustraire la prix OEM de votre paire de roues d’origine. Donc le déterminer.
Appliquez le Ratio valable pour ce vélo. (20%) donc divisez par 1,2 la valeur aftermarket de la roue.
Si elle n’a pas de valeur aftermarket, ce qui arrive souvent.
Les roues représentent 20% de la valeur totale du vélo complet. Donc : 605€.
Maintenant cela devient rigolo…
Vos roues à 1000€ en aftermarket, vont se transformer de fait en roues OEM dès que vous aurez serré l’axe, sur la base du ratio de ce vélo. Donc vous divisez ce prix par 1,2.
Vous avez vendu vos composants d’origine, pour faire ces upgrades justement.
C’est normal. Il faudra bien néanmoins fixer un prix à notre vélo modifié.
On rentre là dans des notions plus complexes, mais dans les faits ce n’est pas si compliqué.
Donc :
Bien sûr, cet exemple n’est pas une règle. D’autant que l’on parle ici d’un ensemble neuf, 0 km. Mais vos upgrades décotent également dans le temps. Dans ce cas tout va dépendre du moment où vous avez upgradé votre vélo.
Vous voyez que, si ce n’est pas évident, il est toujours possible de se rapprocher de la vérité. Et vous constaterez que ce résultat « brut », peut être décevant. Cela tend à démontrer que ces upgrades couteux sont fortement dévalorisés dès lors qu’ils entrent en usage.
Attention, nous ne disons pas de na pas les faire ! Mais plutôt que de réaliser des achats « coup de tête » gardez cela à l’esprit et préparez-vous pour la suite.
Garder toujours vos composants d’origine !
Même si souvent ils financent nos upgrades, nous perdons à la fin.
Vous vendrez plus rapidement et avec moins de décote un vélo dans sa configuration d’origine.
Conservez ensuite vos upgrades pour votre futur vélo, ou vendez-les séparément.
Ainsi vous pourrez leur appliquer une décote sur la base de leur prix aftermarket !
Tout simplement.